HPV : de quoi parle-t-on exactement ?

Le sigle HPV désigne le papillomavirus humain, une grande famille de virus extrêmement courants. En France, on estime que plus de 80% des hommes et des femmes sexuellement actifs seront en contact avec le papillomavirus au cours de leur vie (Santé Publique France). Il en existe plus de 200 types, mais une douzaine d’entre eux sont qualifiés de « à haut risque » parce qu'ils peuvent entraîner, après de nombreuses années, le développement de lésions précancéreuses et parfois de cancers, notamment du col de l’utérus. Les deux plus connus sont les types 16 et 18, responsables d’environ 70% des cancers du col (OMS).

La plupart du temps, une infection à HPV passe totalement inaperçue et disparaît spontanément, grâce à l’action du système immunitaire. Mais dans certains cas, le virus persiste.

Interpréter un résultat positif : ce que cela veut dire (et ce que cela ne veut pas dire)

Premier point crucial à connaître : un test HPV positif ne veut pas dire que l’on a un cancer, ni que l’on va en développer un. C’est souvent l’une des plus grandes craintes et incompréhensions. Ce résultat signifie simplement que la présence du virus a été détectée sur le col de l’utérus au moment du prélèvement.

  • Le test ne recherche pas un cancer, mais la présence du virus. Il s’agit d’un élément de surveillance, un signal d’alerte précoce, pas d’un diagnostic de cancer.
  • L’infection à HPV est très fréquente : la plupart des infections se résorbent spontanément en 1 à 2 ans, en particulier chez les femmes de moins de 30 ans.
  • Un test positif ne renseigne pas sur la durée de l’infection : il peut s’agir d’une infection récente ou ancienne, dormante ou persistante.
  • Un test positif ne signifie pas que votre partenaire doit être testé ou traité : il n’existe pas de test recommandé pour les partenaires.

Pourquoi proposer un test HPV en Seine-Saint-Denis ?

Le test HPV s’inscrit dans le programme national de dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, qui vise à réduire les inégalités d’accès à la prévention, notamment dans des départements comme la Seine-Saint-Denis, où le taux de couverture vaccinale et de dépistage reste inférieur à la moyenne nationale (INSEE). C’est un outil complémentaire au frottis classique (examen cytologique).

Explications sur les différents types de tests et leurs résultats

Deux tests principaux existent pour la prévention du cancer du col :

  • Le frottis (cytologie) : recherche d’anomalies des cellules du col.
  • Le test HPV-hr (à haut risque) : recherche d’ADN viral des HPV à haut risque.

Depuis 2020, le test HPV remplace progressivement le frottis comme examen de dépistage chez les femmes de 30 à 65 ans (source : HAS). En cas de test HPV positif, on ne trouve pas toujours de cellules anormales, d’où l’importance d’un suivi adapté.

HPV positif et frottis normal : quelle attitude adopter ?

C’est une situation fréquente : le test HPV détecte un virus à haut risque, mais la cytologie du col ne montre pas d’anomalies. Que faire ?

  • Dans la plupart des cas, une simple surveillance est prévue.
  • Le protocole recommandé : refaire un test HPV ou un frottis 12 mois plus tard pour voir si l’infection a disparu ou si des anomalies se développent.
  • 90% des infections se négativent spontanément sous deux ans. La persistance du virus incitera à d’autres examens plus approfondis, notamment une colposcopie.

Inutile de paniquer ou de s’inquiéter outre mesure : la surveillance permet de repérer tôt les rares cas où l’infection évolue.

HPV positif et anomalies cellulaires : zoom sur la colposcopie

Si votre test HPV est positif ET que des anomalies sont visibles à la cytologie, votre professionnel de santé propose habituellement une colposcopie – un examen approfondi du col à l’aide d’un microscope spécialisé et, si besoin, la réalisation de petites biopsies.

Cet examen n’est pas douloureux. Il permet de repérer d’éventuelles lésions précancéreuses, qui se traitent très efficacement. Seuls 5 à 10% des femmes ayant un test HPV positif nécessiteront un traitement des lésions, selon l’Institut National du Cancer (INCa).

Plus de 3400 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus sont détectés chaque année en France, mais il faut rappeler qu’il s’écoule généralement une dizaine d’années entre la primo-infection HPV et l’apparition d’un cancer : le dépistage permet donc d’agir très en amont.

Questions fréquentes autour d’un test HPV positif

  • Dois-je informer mon·ma partenaire ?
    • L’infection HPV étant très courante et souvent transitoire, il n’existe pas de soin ou de test pour les partenaires. Vous pouvez rassurer votre entourage : l’infection est le plus souvent sans conséquences et très majoritairement éliminée par le corps.
  • Est-ce une maladie sexuellement transmissible ?
    • L’HPV se transmet principalement par contact sexuel, mais ce n’est pas une « honte » : il touche presque tout le monde à un moment ou un autre. Le préservatif réduit les risques mais ne protège pas totalement (transmission possible par contact cutané hors pénétration).
  • Pourquoi ai-je été infectée si je n’ai eu qu’un seul partenaire ?
    • Le virus peut être transmis lors d’un seul rapport. Parfois, l’infection peut rester latente des années avant d’être détectée lors d’un dépistage.
  • Le vaccin protège-t-il une fois infectée ?
    • Le vaccin protège contre des souches spécifiques mais n’élimine pas une infection déjà contractée. Toutefois, il peut aider à prévenir d’autres infections et il est recommandé jusqu’à 26 ans pour rattrapage.
  • Dois-je changer d’alimentation ou de mode de vie ?
    • Un mode de vie sain, une alimentation équilibrée et l’arrêt du tabac réduisent le risque de persistance du HPV et de développement de lésions.
  • Les hommes sont-ils concernés ?
    • Oui, le HPV peut aussi provoquer des cancers (anus, gorge, pénis) chez les hommes, d’où l’importance du vaccin chez tous les jeunes, filles et garçons.

La situation en Seine-Saint-Denis : des retards à rattraper

En Seine-Saint-Denis, le taux de participation au dépistage du cancer du col reste préoccupant : moins de 45% des femmes éligibles réalisent le test dans les temps, contre 57% en moyenne nationale (source : INCa, 2018-2019).

Les freins sont multiples : faible accès à l’information, précarité, manque de temps ou d’opportunités de réaliser l’examen, questions culturelles, barrière de la langue… Pourtant, la détection précoce grâce au test HPV permettrait d’éviter plusieurs dizaines de cas de cancer chaque année dans le département.

Quels sont les pas suivants ?

  1. Prendre rendez-vous avec son professionnel de santé : pour discuter calmement de vos résultats. C’est l’occasion de poser toutes vos questions, d’évoquer vos craintes et de connaître la suite du protocole.
  2. Suivre le calendrier de surveillance recommandé : un HPV positif nécessite souvent un nouveau test dans 12 mois, ou plus tôt en cas d’anomalies cellulaires.
  3. Agir sur les facteurs de risque : l’arrêt du tabac est un levier fort, le tabac multipliant le risque de transformation des cellules infectées.
  4. Informer et sensibiliser autour de soi : la multiplication des tests HPV positifs est avant tout le signe d’une meilleure prévention. Oser en parler aide à lever les tabous.

Pour aller plus loin : ressources et accompagnement

  • Sites fiables d’information :
  • Lieux ressources en Seine-Saint-Denis :
    • Centres municipaux de santé, PMI, réseaux associatifs locaux.
    • Dépistages gratuits à l’Assurance Maladie pour les publics cibles.
  • Groupes de parole et soutien psychologique :
    • De nombreuses associations, telles que la Ligue contre le cancer, proposent un accompagnement pour apaiser les inquiétudes et échanger entre personnes concernées.
  • Questionner sans hésiter votre soignant référent.

Avancer ensemble face à un test HPV positif

Recevoir un résultat HPV positif n’est ni un verdict, ni une fatalité. C’est une information précieuse pour prendre soin de soi, s’inscrire dans un suivi adapté et protéger sa santé à long terme. Un dialogue avec les professionnels de santé est essentiel : il permet d’apaiser les inquiétudes, de clarifier le protocole, et d’agir avant qu’apparaissent d’éventuelles lésions. En accueillant cette information sans crainte, on se donne les moyens d’agir – pour soi et pour les autres.

À Seine-Saint-Denis et ailleurs, avancer ensemble, c’est rendre la prévention toujours plus accessible et humaine.

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