Panorama des cancers les plus courants chez les femmes

En France, chaque année, plus de 160 000 femmes apprennent qu’elles sont atteintes d’un cancer. Les trois localisations les plus fréquentes chez la femme sont le sein, le côlon-rectum et le poumon (INCa). Mais d’autres cancers spécifiquement féminins, comme le cancer du col de l’utérus et celui de l’ovaire, restent des préoccupations majeures de santé publique. Voici une vue d’ensemble des principaux cancers féminins à surveiller, des signes précoces à guetter et des outils à disposition pour les dépister efficacement.

  • Cancer du sein : le plus fréquent chez la femme (près de 60 000 nouveaux cas/an).
  • Cancer colorectal : deuxième cancer le plus rencontré chez la femme.
  • Cancer du col de l’utérus : environ 3 100 cas annuels, mais dépistage possible.
  • Cancer de l’ovaire : 5 000 nouveaux cas/an.
  • Cancer de l’endomètre (corps de l’utérus) : environ 8 000 cas/an en France.

A quel âge démarrer la première mammographie et comment fonctionne le dépistage ?

La mammographie est l’examen clé pour détecter un cancer du sein à un stade précoce. En France, le dépistage organisé commence à 50 ans ; il est proposé tous les deux ans jusqu’à 74 ans, pour toutes les femmes sans facteur de risque particulier. Ce programme de dépistage organisé est gratuit, pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie.

Toutefois, certaines situations – antécédents familiaux, mutations génétiques (BRCA, par exemple) ou histoire personnelle – justifient un suivi individualisé, parfois dès 30 ans. N’hésitez pas à évoquer vos antécédents avec votre médecin traitant ou votre gynécologue.

  • À retenir : sauf risque particulier, la première mammographie de dépistage est réalisée à 50 ans.
  • Les femmes en dehors de cette tranche d’âge peuvent bénéficier d’une mammographie sur prescription.

En Seine-Saint-Denis, comme ailleurs, le programme de dépistage organisé fonctionne par envoi d’une invitation nominative. Pour savoir si vous êtes concernée, une consultation de votre dossier médical ou un appel à la structure de gestion locale (ADECA 93) peut vous éclairer.

Le frottis et le test HPV : essentiels après 50 ans ?

Le cancer du col de l’utérus touche généralement les femmes entre 35 et 65 ans, mais le dépistage ne s’arrête pas à la ménopause. Il évolue :

  • Entre 25 et 29 ans : le frottis est réalisé tous les 3 ans après deux premiers à 1 an d’intervalle. C’est un prélèvement cellulaire du col de l’utérus.
  • Entre 30 et 65 ans : le test HPV devient la méthode de référence, à refaire tous les 5 ans si négatif (HAS).

Après 50 ans, le dépistage reste non seulement nécessaire mais recommandé jusqu’à 65 ans, même en l’absence de symptômes ou de vie sexuelle active. 40 % des cancers du col sont diagnostiqués chez les femmes ayant interrompu leur suivi.

  • Le frottis reste pertinent après 50 ans, notamment si le médecin ne dispose pas de test HPV, ou selon l’avis médical.
  • Aucun dépistage de routine après 65 ans si les précédents examens étaient normaux les 10 dernières années.

Repérer les signes qui doivent alerter : focus sur le cancer de l’ovaire

Le cancer de l’ovaire est souvent diagnostiqué tardivement car ses symptômes sont discrets, surtout au début. Il est essentiel de ne pas sous-estimer certains signes, surtout après la ménopause :

  • Ballonnements persistants, sensation de ventre gonflé.
  • Changements dans le transit intestinal (constipation soudaine ou diarrhée inhabituelle).
  • Satiété rapide ou perte d’appétit inexpliquée.
  • Maux abdominaux, douleurs pelviennes
  • Perte de poids involontaire
  • Besoin d’uriner plus fréquent ou urgent

En cas de persistance de ces troubles, il est conseillé d’en parler à un professionnel de santé (médecin traitant ou gynécologue). Il n’existe pas, à ce jour, de test de dépistage systématique validé pour le cancer de l’ovaire. La vigilance sur les symptômes et l’échographie pelvienne en cas de doute restent les meilleures armes.

Pour les personnes à très haut risque (mutation génétique avérée), un suivi particulier peut être mis en place.

Vaccination HPV : quelle place pour les femmes adultes ?

La vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) cible en priorité les adolescents, car elle est plus efficace avant le début des rapports sexuels. Mais elle reste possible chez les jeunes adultes, jusqu’à 26 ans révolus pour les femmes en France (Santé Publique France).

  • Le rattrapage est recommandé jusqu’à 26 ans.
  • Chez les femmes au-delà de 26 ans, la vaccination n’est pas systématiquement recommandée, car la plupart ont déjà été exposées au virus.
  • Dans certains cas particuliers (immunodépression, maladies chroniques), le médecin peut proposer la vaccination au-delà de cet âge.

La vaccination ne se substitue pas au dépistage régulier du col de l’utérus, même pour celles qui sont vaccinées.

Que faire si un test HPV est positif ?

Un résultat positif au test HPV indique la présence d’un papillomavirus à haut risque. Ce résultat ne signifie pas que le cancer est présent, mais nécessite une surveillance :

  1. La plupart des infections HPV guérissent spontanément en quelques mois (80 % des cas dans les 2 ans).
  2. En cas de positivité persistante (après 12 à 18 mois), un examen plus approfondi (colposcopie) est proposé par le gynécologue pour examiner le col de l’utérus avec un microscope d’observation.
  3. Un suivi régulier est indispensable pour détecter d’éventuelles lésions précancéreuses ou cancéreuses à un stade précoce.

Il est normal de ressentir de l’inquiétude, mais un test positif n’est jamais, en lui-même, un diagnostic de cancer. Dialogue et accompagnement avec un professionnel de santé sont essentiels.

Le dépistage du cancer de l’utérus : uniquement chez le gynécologue ?

Bonne nouvelle : le frottis ou le prélèvement HPV peuvent être réalisés dans de nombreux lieux et pas uniquement en consultation gynécologique.

  • Médecin traitant (généraliste formé)
  • Sage-femme
  • Centres de santé (publics, associatifs)
  • Laboratoires d’analyses, dans certains cas sur ordonnance

Depuis peu, l'auto-prélèvement vaginal est proposé aux femmes éloignées du système de soins, notamment dans le cadre du dépistage organisé. Ce test est fiable, simple à réaliser et offre une alternative aux femmes qui n'ont pas accès facilement à un rendez-vous gynécologique.

Où se faire dépister en Seine-Saint-Denis ?

La Seine-Saint-Denis bénéficie d’un réseau de structures pour faciliter le dépistage des cancers. Voici ce qu’il faut savoir :

  • Centres de dépistage : Structures associatives ou publiques où il est possible de réaliser frottis, mammographies ou tests organisés (ex : centres de santé municipaux, centres de planification ou associations comme le Planning Familial).
  • ADECA 93 : Organisme coordonnateur du dépistage organisé pour le sein, le côlon et le col de l’utérus.
  • Médecins généralistes et sages-femmes : Peuvent initier ou réaliser le dépistage.
  • Actions mobiles : Dans certains quartiers, le bus du dépistage va à la rencontre des habitantes les plus éloignées du soin. Renseignements sur le site de l’ADECA 93.

La liste des centres participants est disponible sur le site de l’ADECA 93 ou à la mairie de votre commune.

Le dépistage, une démarche qui concerne aussi les femmes ménopausées

L’arrivée de la ménopause ne met pas fin à l’intérêt du dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus. La majorité des cancers gynécologiques sont diagnostiqués après 50 ans :

  • Le dépistage du sein reste vivement recommandé jusqu’à 74 ans.
  • Le suivi du col de l’utérus se poursuit jusqu’à 65 ans, sauf contre-indication ou circonstances particulières.
  • Les cancers de l’endomètre surviennent surtout après la ménopause : toute perte de sang (même minime) après la ménopause doit pousser à consulter.

L’âge n’est donc pas un frein au dépistage, au contraire ! Même en l’absence de symptômes ou de vie sexuelle active, poursuivre le suivi peut prévenir des formes graves et assurer une prise en charge rapide.

Parler du dépistage à sa fille adolescente : comment aborder le sujet ?

Adolescence rime avec premières expériences et questionnements sur la santé intime. L’évocation du dépistage du cancer, et surtout de la vaccination HPV, sont parfois délicats mais essentiels. Voici quelques conseils :

  • Choisir un moment calme où l'adolescente se sent en confiance.
  • Poser des questions ouvertes (“Qu’est-ce que tu sais sur la prévention du cancer du col ?”).
  • Expliquer de façon simple que la vaccination HPV est une protection contre un virus très fréquent, souvent transmis sans s’en rendre compte, et pouvant causer à long terme des problèmes de santé.
  • Rassurer sur le caractère indolore et rapide du vaccin.
  • Parler du frottis : avant 25 ans, il n’y a généralement pas de nécessité ; à partir de 25 ans, prise de rendez-vous simple avec une sage-femme, un(e) gynécologue ou le médecin traitant.
  • Souligner que le dépistage et la prévention s’adressent à toutes, sans jugement.
  • Encourager les discussions sur la santé sexuelle et l’importance du suivi gynécologique régulier.

Aborder ces sujets tôt, sans stigmatisation ni dramatisation, permet à chaque jeune fille de devenir actrice de sa santé.

Pour aller plus loin : informations fiables et accompagnement en Seine-Saint-Denis

Le dépistage sauve des vies, ce n'est pas qu'un slogan : détectés tôt, neuf cancers du col de l’utérus sur dix peuvent être guéris. Chaque année, le dépistage du sein permet d’éviter 1 000 à 1 500 décès selon l’INCa.

Alors que l’on observe encore des inégalités d’accès au dépistage dans le département, s’informer et agir est plus que jamais nécessaire. Pour toute question concernant votre situation personnelle ou les démarches locales, n’hésitez pas à consulter :

  • L’Institut National du Cancer – Informations générales
  • ADECA 93 – Spécifique à la Seine-Saint-Denis
  • Votre médecin traitant, sage-femme, pharmacien(ne), centre de santé ou laboratoire d’analyses
  • Le Planning Familial, pour les jeunes et femmes éloignées du suivi gynécologique

Rendre l’information accessible permet de lutter contre les retards au diagnostic et d’améliorer l’espérance de vie de toutes les femmes. Agir aujourd’hui, c’est se protéger pour demain.

En savoir plus à ce sujet :