Pourquoi le dépistage du cancer du sein est-il si important ?

Le cancer du sein est aujourd’hui le cancer le plus fréquent chez la femme en France. Près de 61 000 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2023, et, malgré des progrès spectaculaires dans la prise en charge et la survie, environ 12 000 femmes en meurent chaque année (Institut National du Cancer).

Pourtant, le dépistage précoce permet d’augmenter considérablement les chances de guérison. Lorsqu’il est identifié à un stade débutant, 9 femmes sur 10 survivent à leur cancer du sein dans les cinq ans qui suivent le diagnostic. Ce chiffre s’effondre lorsque la maladie est découverte tardivement. Voilà pourquoi la question de l’âge du premier dépistage – que ce soit via la mammographie ou d’autres méthodes – est cruciale.

Quel est l’âge recommandé en France pour la première mammographie ?

En France, le dépistage organisé du cancer du sein concerne toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans ne présentant pas de risque particulier. L’assurance maladie invite automatiquement par courrier chaque femme de cette tranche d’âge à réaliser une mammographie de dépistage tous les deux ans. Cette politique vise à maximiser le rapport bénéfice/risque, en s’appuyant sur les données scientifiques les plus robustes (Haute Autorité de Santé).

  • Âge du premier examen dans le dépistage organisé : 50 ans.
  • Fréquence recommandée : Tous les 2 ans (jusqu’à 74 ans inclus).

Pourquoi cet âge ? Avant 50 ans, les bénéfices attendus d’un dépistage systématique de masse sont moins nets, en particulier parce que le cancer du sein est moins fréquent chez les femmes plus jeunes, et que leur tissu mammaire, plus dense, rend l’interprétation des mammographies plus difficile et sujette à des faux positifs — ce qui entraîne des examens complémentaires et des inquiétudes parfois inutiles.

Des exceptions : qui doit envisager une mammographie avant 50 ans ?

Certaines femmes présentent un risque plus élevé que la population générale. Pour elles, un dépistage individuel adapté, parfois dès 30 ou 40 ans, peut être envisagé sous l’avis d’un médecin. Sont concernées :

  • Antécédents familiaux : au moins deux cas de cancer du sein (ou de l’ovaire) chez des parentes au premier degré (mère, sœur, fille).
  • Mutation génétique prédisposante : porteuses des mutations BRCA1 ou BRCA2 (ou suspectées de l’être).
  • Antécédents personnels : antécédent de cancer du sein ou d’une autre pathologie mammaire à risque élevé.
  • Autres facteurs : exposition à des radiothérapies thoraciques pendant l’enfance ou l’adolescence (notamment dans le traitement de certains lymphomes).

Dans ces cas, le suivi est établi avec un professionnel de santé, souvent en lien avec une consultation d’oncogénétique ou une structure spécialisée. Les modalités du dépistage (âge de début, rythme, techniques d’imagerie) sont individualisées. Une femme dont la mère a développé un cancer à 42 ans, par exemple, pourra se voir proposer une première mammographie dix ans plus tôt, soit autour de 32 ans.

Comment se déroule concrètement une première mammographie ?

La mammographie est un examen radiologique des seins, rapide (environ 15 minutes), réalisé en centre d’imagerie médicale. Deux clichés sont pris par sein, parfois complétés par d’autres images si nécessaire. L’objectif est de détecter d’éventuelles anomalies (nodules, micro-calcifications...), parfois invisibles à la palpation ou à l’œil nu.

  • Prise de rendez-vous : Sur prescription d’un médecin, ou suite à l’invitation reçue entre 50 et 74 ans.
  • Précautions : Il est conseillé de venir à distance du cycle menstruel pour limiter la sensibilité mammaire.
  • Lecture double : Dans le cadre du dépistage organisé en France, chaque mammographie est relue par deux radiologues différents, ce qui limite le risque d’erreur ou d’oubli.
  • Prise en charge : L’examen de dépistage organisé est pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie, sans avance de frais.

En Seine-Saint-Denis, il est possible de réaliser l’examen aussi bien dans des centres d’imagerie publics que privés. Pour celles qui rencontreraient des difficultés de déplacement ou d’accès, des dispositifs spécifiques existent, en particulier pour les femmes vulnérables ou éloignées du système de soins (information auprès des Centres Régionaux de Coordination des Dépistages des Cancers).

Mammographie, autopalpation, autres examens : comment surveiller ses seins avant 50 ans ?

Avant 50 ans, la mammographie n’est pas systématique chez les femmes sans risque particulier, mais cela ne veut pas dire que l’on ne doit pas surveiller ses seins. L’autosurveillance a toute sa place :

  • Autopalpation mensuelle : se familiariser avec la texture et l’apparence de ses seins permet de détecter toute modification inhabituelle.
  • Consultation médicale : un examen clinique des seins devrait être réalisé au minimum tous les trois ans par un médecin ou une sage-femme dès 25 ans, et chaque année à partir de 50 ans (HAS, 2022).
  • Échographie mammaire : peut être proposée, sur prescription, en complément (souvent chez les femmes jeunes ou ayant des seins denses).

Les signes d’alerte à surveiller ? Une masse ou boule palpable, une modification de la forme ou du contour du sein, une rétractation du mamelon, un écoulement anormal, ou encore une rougeur, chaleur ou bouton inexpliqué.

Quelles sont les limites et les bénéfices du dépistage organisé ?

Le dépistage organisé a permis une baisse de la mortalité par cancer du sein estimée à près de 20% depuis sa généralisation en France (Santé publique France).

Cependant, comme tout dépistage, il comporte aussi des limites :

  • Faux positifs : des examens complémentaires sont parfois nécessaires après une mammographie, mais ils n’aboutissent pas systématiquement à un diagnostic de cancer.
  • Faux négatifs : environ 10% des cancers ne sont pas visibles à la mammographie, notamment chez les femmes aux seins très denses.
  • Surdiagnostic : il s’agit de cancers très évolutifs mais aussi parfois de formes qui ne se seraient jamais développées ni entraîné de symptômes au cours de la vie.

L’objectif reste de permettre à chacune d’accéder régulièrement à une information claire et à un dépistage adapté à sa situation, tout en étant consciente des points forts et des limites.

Seine-Saint-Denis : des inégalités persistantes, mais des solutions existent

Dans le département de Seine-Saint-Denis, on sait que le taux de participation au dépistage organisé est inférieur à la moyenne nationale (53% contre un objectif de 70% selon l’Assurance Maladie, 2023). Les facteurs explicatifs sont nombreux : accès complexe aux soins, précarité, problèmes linguistiques, manque d’information, etc. Pour autant, des solutions existent :

  • Des campagnes de sensibilisation spécifiques, adaptées aux différentes langues et cultures du territoire.
  • Des permanences et actions de dépistage mobile, notamment via les associations locales.
  • L’accompagnement social par certaines structures pour faciliter l’accès à un premier examen.

Ces dispositifs sont précieux pour que davantage de femmes bénéficient d’un diagnostic précoce, réduisant ainsi l’impact du cancer sur leur santé et leur vie quotidienne.

Quelques idées reçues sur la mammographie à déconstruire

  • « Je n’ai pas de cancer du sein dans ma famille, donc je ne risque rien » : 4 femmes sur 5 diagnostiquées n’ont pas d’antécédent familial connu (source : INCa).
  • « La mammographie est douloureuse » : L’examen peut être inconfortable mais rarement douloureux. L’équipe d’imagerie s’adapte et peut proposer des astuces pour réduire la gêne.
  • « Le rayon X est dangereux » : Le bénéfice du dépistage l’emporte largement sur le risque lié à l’exposition (faible dose), surtout chez les femmes de plus de 50 ans.
  • « Si j’ai un doute avant 50 ans, je dois attendre » : En présence de symptômes ou d’une anomalie constatée, il ne faut pas attendre, mais consulter rapidement, quel que soit l’âge.

Ce qu’il faut retenir pour agir

Le dépistage du cancer du sein, via la mammographie, commence généralement à 50 ans pour les femmes sans facteur de risque particulier, et se poursuit tous les deux ans jusqu’à 74 ans. Pour celles présentant des facteurs de risque, la stratégie est adaptée individuellement et le médecin traitant reste l’interlocuteur privilégié.

Bien s’informer, connaître les bonnes pratiques d’autosurveillance, prendre le temps d’interroger sa propre histoire familiale : c’est le meilleur moyen d’anticiper, pour soi et pour ses proches. Les équipes de dépistage et les professionnels de Seine-Saint-Denis sont mobilisés pour accompagner chaque femme, quels que soient son âge, son niveau d’information ou ses difficultés d’accès aux soins.

Pour toute question spécifique, il est recommandé de s’adresser à un professionnel de santé ou à un centre régional de dépistage.

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